26 [January 1760]
Voicy mon cher monsieur la copie de la déclaration que madame Denis écrivit hier 25 au soir, et a envoyé à Saconex le 26 au matin.
Je dépêchay hier à l'intendance à Di-jon, à mr l'intendant à Paris, à m. le controlleur général les mêmes mémoires que je vous adressay.
On dit publiquement qu'on nous a fait cette avanie parce que je me mêle dit on de prendre des mesures pour délivrer la province. Je ne sçais qui a pu répandre le bruit que nous devons traitter pour le sel avec les fermes générales. On dit que le sr Sedillot a fort encouragé les employez à faire cette violence à me Denis et à moy. Nous avons minuté une requête au roy en cas de besoin. Tout malade que je suis, je n'abandonnerai pas cette affaire. Il est certain par la déclaration de madame Denis, qui est dans la plus exacte vérité, que les commis sont dans leur tort. Me Denis avait envoyé son secrétaire à neuf heures du matin endosser la permission à Saconex. Elle le fut publiquement par luy. Et les commis ont supprimé ce fait essentiel dans leur procez verbal. Il y a dans toutte cette indigne affaire, une envie marquée de nous chagriner et de nous nuire, une animosité secrette qu'il est aisé d'apercevoir. On dit que le directeur de Mérin s'est vanté que le sel subsisterait malgré vous tel qu'il est, et que vous vous repentiriez de votre entreprise. J'ignore si la chose est vraye. Je ne suis sûr que de votre amitié et de votre prudence comme vous devez l'être du véritable et tendre attachement de v. t. h. ob. sr.
Nous Marie Louïse Mignot Denis, veuve de Nicolas Charles Denis, Ecuyer, Capitaine au régiment de Champagne, Correcteur de la Chambre des comptes de Paris, Commissaire ordonnateur des guerres, Chevalier de L'ordre de St Louïs etc: promettons payer sur tous nos biens la somme à la quelle sera estimée la totalité de nos éffets détenus à Saconex, en cas qu'il en soit ainsi ordonné; demandons qu'on nous rende nos chevaux et boeufs de Labour, qui nous sont nécessaires. Protestant que nous avons envoyé consécutivement trois domestiques au bureau de Saconex le 24e Janvier, pour faire venir nôtre bléd de Fernex pour la consommation de nôtre maison, avec billets de nôtre part, passeport de Monsieur L'Intendant de Bourgogne; ordre positif à nos gens munis du dit passeport, d'écrire sur icelui la quantité de nôtre bléd que nous faisions venir, par nos domestiques de Campagne, pour nôtre usage suivant la permission de Mr L'Intendant; que nous nous y serions transportés nous mêmes, si nous n'avions été malades; que nôtre secrétaire Jean Louïs Wagnière y a été de nôtre part, avec un autre domestique nommé Joseph Lyson.
Que le dit Secrétaire a endossé l'ordonnance suivant l'usage, en présence de quatre personnes, et du nommé Joseph Lyson, que toutes les formalités ont été remplies.
Que s'il y a quelque erreur, ce que nous ne pouvons concevoir, cette erreur ne peut venir de nous; et qu'enfin nous nous soumettons à payer ce qui sera jugé devoir l'être, étant prette même à consigner la somme qu'on voudra, entre les mains de tel juge, ou tel gentilhomme qu'on voudra choisir, en foi de quoi nous avons signé et réservant tous nos droits.
V.