[c. 15 November 1767]
Je présume, mon cher ami, qu'on vous a donné de fausses alarmes.
Il n'est point du tout vraisemblable qu'un conseiller d'état, occupé d'une décision du roi, qui le regarde, ait attendu un autre conseiller d'état à la porte du cabinet du roi, pour parler contre vous. On ne songe dans ce moment qu'à soi même, et tout au plus aux affaires majeures dont on ne dit qu'un mot en passant. Si mon amitié est un peu craintive, ma raison est courageuse: je ne me figurerai jamais qu'un maréchal de France qui vient d'être nommé pour commander les armées, attende un ministre au sortir du conseil pour lui dire qu'un major d'un régiment n'est pas dévot. Cela est trop absurde. Mais aussi il est très possible qu'on vous ait desservi, et c'est ce qu'il faut parer.
J'ai imaginé d'écrire à made de Sauvigni qui est venue plusieurs fois à Ferney. Je ferai parler aussi par m. son fils. Je saurai de quoi il est question sans vous compromettre.