7e octobre 1767, à Ferney
Monsieur le prince,
Il y a quelques semaines que mr le comte de Voronzoff, ambassadeur à la Haye, me fit l'honneur de m'envoyer les lettres de mr le prince de Repnin.
Je reçus, l'ordinaire suivant par la poste de France un gros paquet contresigne Choiseul, contenant plusieurs mémoires imprimés et manuscrits concernant toutes les grandes choses que fait l'impératrice pour la gloire de la Russie et pour le bonheur de la Pologne. Je crois que ce paquet venait de la part de votre excellence, et j'eus l'honneur de vous en donner avis.
Le titre de mère de la patrie restera à l'impératrice malgré elle. Pour moi, si elle vient à bout d'inspirer la tolérance aux autres princes, je l'appellerai la bienfaitrice du genre humain. Le mérite des Français est qu'on célèbre ses louanges dans leur langue qui est devenue, je ne sais comment, celle de l'Europe. Puissions nous l'imiter comme nous la célébrons.
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect, monsieur le prince, de votre excellence, Le très humble et très obéissant serviteur
l'admirateur de Catherine II
P. S. Une assez longue maladie ne m'a pas permis encore de lire le nouveau livre dont vous me faites l'honneur de me parler, mais j'en ai grande opinion puisque vous l'approuvez.