1er 8bre 1767, à Ferney
Par vôtre Lettre du 20e Septembre, mon cher philosophe militaire, vous m'aprenez que Messieurs De Broglie s'imaginent que je ne leur suis pas attaché.
Celà prouve que ni messieurs De Broglie, ni vous, n'avez jamais lu le pauvre Diable. Il a pourtant été imprimé bien souvent. Vous y auriez trouvé ces vers cy lesquels sont adressés à un pauvre diable qui voulait faire la campagne.
Pour moi, je suis un pauvre diable environné actuellement du régiment de Conti, dont trois compagnies sont logées à Ferney. Si elles étaient venues il y a dix ans elles auraient couché à la belle étoile. Je fais ce que je peux pour que les officiers et les soldats soient contents; mais mon âge et mes maladies ne me permettent pas de faire les honneurs de mon hermitage comme je voudrais. Je ne me mets plus à table avec personne. J'achêve ma carrière tout doucement, et quand je la finirai vous perdrez un serviteur aussi attaché qu'inutile.
V.