13e juillet 1767 à Ferney
Je suis pénétré, Monsieur, des attentions et des bontés dont vous m'honorez.
Il est bien rare qu'on se souvienne à Paris des solitaires qu'on a vus en passant dans des retraittes ignorées. A peine ma vieillesse et mes maladies m'ont elles permis de vous faire ma cour lorsque vous êtes venu dans nos cabanes, et cependant vous m'avez comblé à Paris de vos bons offices comme si je les avais mérités. Vous avez fait bien plus, je vous dois la protection de Madame de Beauharnais dont l'esprit et la beauté sont connus même dans nôtre païs sauvage.
Si je puis trouver à Genêve ou à Bâle quelques nouveautés dignes de votre curiosité, je ne manquerai pas de vous les envoier à l'adresse que vous avez bien voulu me donner.
Je vous suplie, Monsieur, d'agréer la très respectueuse reconnaissance de vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire