2e juin 1767 , à Ferney
Vous envoiez, Monsieur, des tableaux à un aveugle, et des filles à un Eunuque.
L'état où je suis tombé ne me permet plus de lire. Un homme qui prononce fort mal l'italien m'a lu une partie de vôtre Tragédie de chartreux. Il m'a fait entendre dans son baragouin de beaux vers sur un triste sujet. Le bon homme St Bruno ne s'attendait pas que ses moines fussent un jour le sujet d'une Tragédie. Les jésuites fournissent actuellement une matière plus intéressante; je les recommande à vôtre muse. La mienne aussi languissante que mon corps ne peut plus chanter les moines. Portez vous mieux que moi, et vivez.
V.