13e avril 1767 à Ferney
Nouveaux changements dans la Tragédie des Scithes.
Acte 1er, Scène 1ère (édition des Cramer)
L'olivier à la main devant nous se présente,corrigez,
Sur un coursier superbe à nos yeux se présente.Même Scène, mettez,
Son adorable fille est encor au dessus.De son sèxe et du nôtre elle unit les vertus;Courageuse et modeste; elle est belle et l'ignore;Sans doute elle est d'un rang que chez elle on honore;Son ame est nôble aumoins, car elle est sans orgueil.Simple dans ses discours, affable en son accueilSans avilissement à tout elle s'abaisse.etcaActe 2d, Scène 1ère (corrigez ainsi)
OBEIDE
Après mon infortune, après l'indigne outrageQu'a fait à ma famille, à mon age, à mon nomDe l'immortel Cirus un fatal regetton,De la cour à jamais, lorsque tout me sépareQuand je dois tant haïr ce funeste Athamare,Sans état, sans patrie, inconnue en ces lieuxTous les humains, Sulma, sont égaux à mes yeux.Tout m'est indiffèrent.SULMA
Ah! contrainte inutile!Est-ce avec des sanglots qu'on montre un cœur tranquile?OBEIDE
Hélas veux tu m'ôter en croiant m'éblouïrCe malheureux repos dont je cherche à jouï?Au parti que je prends je me suis condamnée.Va — si j'aime en secrêt les lieux où je suis néeMon cœur doit s'en punir: il se doit imposerUn frein qui le retienne, et qu'il n'ose briser.N'en demande pas plus. Mon père veut un gendre,Il ne l'ordonne point, mais je sçais trop l'entendre.Le fils de son ami doit être préféré.etcaActe 3e, Scène 1ère
commencez cette Scène ainsi,
ATHAMARE
Quoi! c'était Obeide! ah! j'ai tout pressenti.Mon cœur désespéré m'avait trop averti.C'était elle, grands dieux!HIRCAN
Ses compagnes tremblantesRappellaient ses esprits sur ses lêvres mourantes.etcaMême Scène
Elle aura rassemblé ces objets de terreur;Elle imite son père, et je lui fais horreur.HIRCAN
Un tel saisissement, ce trouble involontairePouraient-ils annoncer la haine et la colère?Croiez moi, les sanglots sont la voix des douleursEt les yeux irrités ne versent point de pleurs.ATHAMARE
Ah! lorsquelle m'a vu si mon âme surpriseD'une ombre de pitié s'était aumoins éprise!Si lisant dans mon cœur, son cœur eut éprouvéUn tumulte secrêt faiblement élevé!Hélas! s'il était vrai! — tu me flattes peut être,Ami, tu prends pitié des erreurs de ton maître.Qu'ai-je fait? que ferai-je, et quel sera mon sort?Mon aspect en tout temps lui porta donc la mort!etca Cette même Scène doit finir ainsi,HIRCAN
Oui, seigneur, Obeide,Marche vers la cabane où son père réside,Je l'aperçois.ATHAMARE
Hélas! tâche de désarmerCe père malheureux que je n'ai pu calmer. —Des chaumes! des roseaux! Voilà donc sa retraitte! —Ah! peut être elle y vit tranquille et satisfaitteEt moi . . . .etcaActe 3e, Scène 2de
Sa vertu t'est connue, elle est inébranlable.ATHAMARE
Elle l'est dans la haine, et lui seul est coupable.OBEIDE
Tu ne le fus que trop, tu l'es de me revoir,De m'aimer, d'attendrir un cœur au désespoir.Destructeur malheureux d'une triste familleLaisse pleurer en paix et le père et la filleIl vient. Sors.ATHAMARE
Je ne puis.OBEIDE
Sois, ne l'irrite pas.ATHAMARE
Non, tous deux à l'envi donnez moi le trépas.OBEIDE
Au nom de mes malheurs, et de l'amour funesteQui des jours d'Obeide empoisonne le reste,Fui, ne l'outrage plus par ton fatal aspect.ATHAMARE
Juge de mon amour; il me force au respect,J'obéis — dieux puissants qui voiez mon outrageSecondez mon amour, secondez mon courage! (il sort).Scène 3e
SOZAME
Eh quoi! cet ennemi nous poursuivra toujours!Il vient flétrir icy les derniers de mes jours!etcaMême Scène
J'ai fait depuis quatre ans d'assez grands sacrifices;S'il en fallait encor je les ferais pour vous,Je ne craindrai jamais mon père ou mon époux.Je vois tout mon devoir —etcaActe 4e, Scène 5e
ATHAMARE
Il m'en coûteD'affliger ta vieillesse et de percer ton cœur,Ton fils eut mérité de servir ma valeur.HERMODAN
Que dis-tu?ATHAMARE (à ses soldats)
Qu'on épargne à ce malheureux pèreLe spectacle d'un fils mourant dans la poussière.Fermez lui ce passage.HERMODAN
Achêve tes fureurs(on a déja envoié toutes les corrections du 5e acte)
Si Monsieur de Belmont veut que la pièce lui produise quelque chose il faut qu'Obeide soit touchante et sache pleurer, qu'Athamare soit jeune, brillant, passioné, emporté, que les vieillards soient naturels, qu'Indatire soit naïf, vif et tendre avec Obeide, simple et fier avec son rival. Il faut que les confidents prennent part à l'action. La pièce est très difficile à jouer. Si mr De Belmont veut faire une nouvelle édition de la pièce, voicy l'épître dédicatoire suivant l'édition de Paris. C'est un vieux Scithe qui lui écrit et qui lui fait ses compliments.