1766-10-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacob Vernes.

J'ai eu l'honneur, Monsieur, d'envoier chez Mr vôtre frère, cet abrégé qu'on m'a enfin rendu.
Je vous prie de vouloir bien me le renvoier par la même voie lors que vous l'aurez parcouru. Il est devenu excessivement râre. Si vous voulez en orner vôtre bibliothèque, je vous en donnerai un aussitôt que j'en aurai reçu d'Allemagne.

Ce n'est point pour moi que je demandais un cultivateur, je n'en ai nul besoin; c'est pour un gentilhomme dont la terre est située vers les bords du Rhin. On voudrait ou un fermier auquel on ferait une bonne composition, ou un régisseur. On souhaitterait surtout un homme au dessus de l'état de païsan. Il serait égal qu'il eût une famille ou qu'il n'en eût point. On voudrait de préférence un homme né protestant, soit anabatiste, soit morave, soit plutôt arminien. On dit qu'il y en a quelques uns cachés en Suisse qui sont très honnêtes gens. Je sçais que ce sera un hazard si l'on trouve ce que l'on cherche. J'ai pensé que vous étiez à portée plus que personne de faire cette découverte. L'homme que vous procureriez pourait faire une petite fortune s'il avait du mérite.

Vous savez qu'on a imprimé les pièces du procez, ou plutôt du procédé généreux de mr Hume avec Jean Jaques. Ce Jean Jaques ne joue pas un beau rôle dans cette affaire; elle lui fait plus de tort que tout ce qui lui est arrivé jusqu'icy. V. t. h. o. sr

V.