12e janv: 1765
J'ai fait chercher hier dans Genêve la brochure dont vous m'avez parlé; je n'ai pu encor la trouver.
On dit que ce n'est qu'une seule feuille, et qui a été oubliée prèsque en naissant, qu'on attribue à un ministre nommé Vernes ou Vernet, lequel a déjà écrit une autre brochure contre Jean Jaques, oubliée tout de même. Je n'ai vu ni l'un ni l'autre écrit, Dieu merci, et n'ai fait que parcourir les livres ennuieux faits à cette occasion. Je serais assurément bien fâché d'avoir la moindre part à toutes ces tracasseries. J'ai resté constamment dans mes campagnes depuis dix ans, et j'y mourrai sans me mêler dans ces sottes querelles. Le nom de Rousseau n'est pas heureux pour la bonne morale et la bonne conduite.
Aureste, mon cher frère, je serais très fâché que mes Lettres prétendues secrettes fussent débitées à Paris; quelle rage de publier des Lettres secrettes! J'ai prié instamment Mr Marin de renvoier ces rogatons en Hollande d'où elles sont venues. Je suis bien las d'être homme public, et de me voir condamné aux bêtes comme les anciens gladiateurs et les anciens chrétiens. L'état où je suis ne demande que le repos et la retraitte; il faut mourir en paix; mais afin que je meure gaiement Ecr: L'inf: