26 7bre 1766
Je n'ai point reçu, mon cher ami, de réponse de m. Deodati.
Il faut ou qu'il ne soit point à Paris ou qu'il soit malade, ou qu'il ne sache pas remplir les premiers devoirs de la société. Il me doit le témoignage de la vérité. Ma famille juge que la chose est importante. Je serai peut-être forcé de m'adresser à m. le lieutent de police.
Je vous ai déjà mandé que m. le duc de Choiseul et m. le duc de Praslin souhaitaient m. de Chardon pour rapporteur. J'ignore les sentiments présents de m. de Beaumont sur ce choix; mais le point principal est l'impression de son mémoire. Je me flatte que m. d'Argental en aura le premier exemplaire.
Il me semble que le temps est favorable pour faire imprimer cet ouvrage, et pour disposer les esprits. L'automne est un temps d'indolence et de désœuvrement pendant lequel on est avide de nouveautés.
Vous savez sans doute que le sieur Saucourt, juge d'Abbeville, n'a pas voulu juger les autres accusés et l'on croit qu'il se démettra de sa place. C'est ainsi qu'on se repent après que le mal est fait. J'attends votre paquet dans lequel j'espère trouver des consolations.
Si m. Boulanger, auteur du bel article Vingtième, vivait encore il serait bien étonné que le blé coûte quarante francs le setier, et qu'on n'y mette point ordre. Tout va comme il plaît à dieu. Voulez vous bien mon cher ami envoyer cette lettre au libraire Lacombe? Il y a aussi une lettre à lui adressée dans ce maudit recueil, et Lacombe sera sans doute plus honnête que Deodati.
Bonsoir, mon très cher ami.