31 auguste 1766
Nous vous remercions, monsieur, ma famille et moi, de la part que vous voulez bien prendre à l'établissement que nous projetons.
Nous savons que les commencements sont toujours un peu difficiles et qu'il faut se roidir contre les obstacles. Je conseillerais à m. Tonpla, de faire un petit voyage par la diligence de Lyon. C'est l'affaire de huit jours; il verrait les choses par lui même. Il s'aboucherait avec votre ami. On saurait précisément sur quoi compter. Il est certain que cet établissement peut faire un très grand bien, et que l'utile y serait joint à l'agréable. La liberté entière du commerce le fait toujours fleurir. La protection dont on vous a parlé est sûre. Le petit voyage que je propose peut se faire dans un grand secret, et m. Tonpla allant à Lyon sous le nom de Tonpla, ou sous celui de m. son cousin ne donnera aucune alarme à aucun négociant.
Nous avons reçu des lettres d'Abbeville qui sont très intéressantes. Nous aurons du drap de Vanrobais qui sera de grand débit, et nous espérons n'avoir point à craindre la concurrence.
Mr Sirven me charge de vous présenter ses très humbles remerciements. Quelques étrangers ont pris beaucoup de part à son malheur; mais on ne s'est adressé à aucun homme de votre pays: on craint que la pitié ne soit un peu épuisée. Nous espérons grâce à vos bontés avoir bientôt le mémoire de m. de Beaumont. J'en ai vu la première esquisse, elle promettait un chef d'œuvre. Son mémoire pour m. de la Luzerne est très bien fait; mais il n'est pas étonnant que les juges n'ayant encore aucune preuve contre le porteur des pistolets, ayant condamné à un an de prison celui qui a donné les coups d'épée. Toutes les apparences sont en faveur de m. de la Luzerne; mais enfin il n'y a point de preuves juridiques que les pistolets appartinssent à son adversaire. M. de Beaumont sera vrasemblablement plus heureux dans l'affaire des Sirven. Votre ami nous a écrit pour vous supplier de lui envoyer le plus tôt que vous pourrez le mémoire de m. de Gennes pour feu m. de la Bourdonnaie. Il veut avoir une suite des causes célèbres, et il ne lui manque que le factum. Ma femme, mon neveu et moi nous vous embrassons de tout notre cœur. Votre &
Boursier