à Ferney 8e auguste 1766
Vôtre vigne et vôtre laurier sont très ingénieux, mon cher Président.
Vôtre académie devient de jour en jour plus brillante. Il faut espérer que ces établissements feront beaucoup de bien aux provinces; ils accoutumeront les hommes à penser, et à sacrifier les préjugés aux vérités. Les jeux floraux n'ont guère contribué qu'à perpétuer dans Toulouse le mauvais goût; mais des prix donnés à des recherches utiles sont un véritable encouragement pour l'esprit humain.
Il y a dans le recueil de l'académie des belles Lettres de Paris des mémoires qu'on cite dans toute l'Europe; mais tous les compliments faits à l'académie française sont oubliés, et c'est bien ce qui peut leur arriver de plus heureux.
Mon triste état augmente tous les jours, ce n'est pas seulement parce que j'ai bientôt soixante et treize ans, c'est parce que je suis né extrèmement faible, ipse fecit nos, et non ipse nos. Made Denis qui se porte bien fera les honneurs à Mr le marquis de La Tour Dupin, et je serai aussi sensible à ses bontés que si j'étais dans la force de l'âge. Je n'ai point entendu parler de mon contemporain Mr De La Marche.
Je vous suplie de vouloir bien présenter mes respects à Mr Legoût. Conservez moi surtout vos bontés.