1er auguste 1766
Nous vous remercions sensiblement, monsieur, des trois pièces que vous avez bien voulu nous envoyer, touchant le vingtième de Bresse et Bugey.
La douleur de la mort de m. de Ballarré causée par de mauvais médecins qui n'ont pus s'accorder entre eux, a saisi votre ami de la plus vive douleur. Il est certain qu'on n'a point connu la maladie de ce pauvre enfant. Les médecins qui l'ont tué n'ont songé qu'à leur réputation et à faire une expérience. Le mauvais régime a achevé ce que ces indignes médecins avaient commencé. Heureux qui n'a point affaire à ces messieurs là! La sobriété peut contribuer beaucoup à nous empêcher de tomber entre leurs mains.
Nos amis vous prient de nous envoyer votre sentiment sur la manufacture qu'on veut établir.
Savez vous que les médiateurs de Geneve ont donné une déclaration publique dans laquelle ils certifient que Rousseau est un infâme calomniateur? Voilà la qualification qu'il reçoit à la fois de la France et des deux cantons suisses. Ne trouvez vous pas que le petit Jean Jaques devient tous les jours un important personnage? Son orgueil sera un peu humilié. Il serait bien plus fâché s'il savait à quel point ses ouvrages tombent tous les jours dans le décri.
Vos amis vous font les plus tendres compliments. Votre très humble et très obéissant serviteur
Boursier et compagnie