1766-07-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacques Lacombe.

Je fais partir, Monsieur, par la diligence de Lyon à vôtre adresse les trois volumes de mélanges de philosophie et d'histoire qui sont devenus un peu rares à Paris.
Cet ouvrage aiant été débité avec une permission tacite je ne puis croire que la chambre sindicale vous refuse vôtre Exemplaire.

J'attends tous les jours la Tragédie de mon ami que je ne manquerai pas aussi de vous envoier. Il me parut à la première lecture que j'en fis que les remarques historiques dont cette pièce est accompagnée pouraient lui procurer un très grand débit. Si en attendant vous êtes toujours dans le dessein d'imprimer les petits chapitres par ordre alphabétique on vous fera tenir des additions. Vous observerez s'il vous plait qu'il se trouve plusieurs chapitres sur la même matière. Il ne vous sera pas difficile de conformer les tîtres aux objets qui sont traittés dans chaque chapitres, et de mettre le tout dans un ordre convenable. Je vous suplie, s'il en est temps, Monsieur, de vouloir bien ôté l'anonce de Genêve à la poëtique que vous avez imprimée à Paris; vous m'avez honoré d'une préface qui est trop à mon avantage; il n'est pas juste qu'on croie que j'ai fait imprimer mes louanges à Genêve; mais si ce que je vous demande n'est plus praticable rendez moi du moins par vous et par vos amis la justice que je mérite. J'ai à cœur que l'on sache combien vous m'avez fait d'honneur, et qu'on ne m'accuse pas d'avoir voulu m'en faire à moi même. Je regarderai toujours comme un honneur très flatteur d'être imprimé par vous. Ne doutez point des sentiments d'estime, d'amitié et de reconnaissance que je vous ai voués.