à Ferney 26e avril 1766
Je n'ai reçu qu'aujourd'hui, Monsieur, la Lettre dont vous m'avez honoré du 28e Mars.
J'étais trop malade pour jouïr des talents de la personne que vous avez bien voulu m'annoncer. Je vous suplie de vouloir bien engager le Libraire à m'envoier trois éxemplaires du Livre de Freret qu'il imprime. Il n'aurait qu'à les adresser au premier secrétaire de L'intendance de Franche Comté, avec un petit mot par lequel ce secrétaire serait suplié de me faire tenir le paquet incessamment. C'est un ouvrage que j'attends depuis longtemps avec la plus vive impatience. Il est bon qu'il en paraisse souvent de cette nature: le monde est plein de pestiférés qui ont besoin de contrepoison, et il y a des médecins qui doivent faire une collection de tous les remèdes. Il y a des apoticaires qui les distribuent, et en qualité d'apoticaire je saurai où placer mes trois éxemplaires. Le libraire n'aura qu'à me mander comment il veut que je lui fasse tenir son argent, et il sera paié avec ponctualité. Je vous demande bien pardon de la liberté que je prends; mais je vous crois bon médecin, et j'implore vos bontés pour l'apoticaire, qui est vôtre très humble et très obéïssant serviteur.