1766-02-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Mon ancien ami, vous avez attendu trop tard, vous en serez puni, vous attendrez; il fallait me parler de vôtre grenier dans le temps de la moisson.
Tout le monde a glané, hors vous, parce que vous ne vous êtes pas présenté. Je vous promets de réparer vôtre négligence.

Je ferai venir les révolutions de l'Empire romain puisque vous m'en dites du bien. Je n'ai pas entendu parler de mr D'Orville; mais quand vous voudrez m'envoier son livre par frère D'Amilaville vous me ferez plaisir. On m'a envoié enfin l'Enciclopédie en feuilles. Je la fais vîte relier afin de le lire. Ce sera ma consolation au coin du feu dans ce rude hiver. J'ai peu de loisir, mais quand on ne sort jamais de chez soi on trouve le secrêt d'emploier sa journée. Je m'occupe continuellement de l'affaire des Sirven qui sera dispendieuse. Je suis extrêment content du mémoire que mr de Beaumont m'a envoié, il est touchant et convaincant. Il est vrai que les Sirven sont comme vous, ils ont trop attendu, mais ils trouveront encor dela sensibilité dans les cœurs. Le mien est à vous. Je vous embrasse.

V.