1765-09-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Lafosse.

Je juge monsieur par votre lettre que votre livre sera excellent.
Je vous exhorte à le faire imprimer sans délay, et à dire la vérité comme elle doit être ditte, sans aucun ménagement aucun pour l'erreur.

Je vous prie instament de me dire le nom de ce malheureux père accusé d'avoir donné la mort au fils qu'il pleurait, de m'aprendre quels étaient les prétextes de cette horrible accusation si souvent renouvellée dans votre province, de m'instruire si ce père de famille est protestant, jusqu'où son procez a été poussé, s'il a été dans les fers, et s'il prend encor ses juges à partie. Ces détails pouront être très utiles à la cause des Sirven. Il ne faut manquer aucune occasion de vanger l'humanité des horreurs du fanatisme.

Je vous prie monsieur de vouloir bien faire mes très sincères compliments à mr Malet de la Brossiere et de luy dire combien j'ay été content de ses réflexions sur l'avanture des Calas. Je ne luy ay point écrit, il était en Bretagne et je suis malade. Je suis vieux et foible, mais je suis encor sensible, et surtout à votre mérite et à celuy de mr de la Brossiere.

J'ay l'honneur d'être avec ces sentiments

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire gentilho͞e ord. de la chambre du Roy