à Colmar 3 mars [1754]
Monsieur,
Vous n'ignorez pas qu'il parut il y a plusieurs mois un écrit abominable, et non moins ridicule, où l'on ose outrager avec une insolence punissable la famille Royale du pays où vous résidez.
Je crois devoir vous envoier le mémoire cy joint. Je vous supplie très instament d'en vouloir bien faire l'usage que votre bonté, votre justice et votre sagesse vous conseilleront. Ce serait assurément le plus grand de tous mes malheurs si la calomnie pouvait prévaloir. La bienveillance que vous m'avez témoignée me met en droit de la réclamer. J'ay l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois
Monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire gentilho͞e ord. de la chambre du Roy