6 7bre 1765
Mon cher frère, je croyais l'affaire de l'estampe accommodée.
J'avoue qu'il s'est passé dans le monde des choses plus barbares, comme par exemple, les massacres de Josué, les proscriptions de Sylla, celle du trimvirat, la st Barthellemi, &a, &a, &a, mais je n'ai jamais entendu parler d'une chose si injuste, si ridicule.
J'ai déjà fait une cinquantaine de souscriptions dans ma masure, et m. Tronchin doit en avoir fait quatre fois autant. Je ne puis regarder la défense que comme une folie passagère qu'on aura honte de soutenir.
Le philosophe qui est chez moi et qui n'est pas philosophe de Moëtiers-Travers, s'est emparé de tous les exemplaires des petits versiculets faits à l'honneur de mademoiselle Clairon. Il vous en fera tenir ou il vous en portera lui même.
Mettez moi, je vous prie, aux pieds de ma philosophe. Je suis assez barbare pour lui souhaiter une maladie qui la fasse revenir à Geneve. Je ne peux vous écrire de ma main. Je suis bien faible mais mes sentiments pour vous ne le sont pas.