1765-09-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Manoël de Végobre.

La Lettre dont vous m'honorez, Monsieur, me confirme dans mon sentiment; on est bien ferme dans son opinion quand elle est autorisée par vous.
J'ai écrit plusieurs fois à Lausanne à Mr Seigneux de Correvon tout ce que vous me faittes l'honneur de me mander. Je lui ai fourni quelques pièces intéressantes, qui ne sont point connues. Je lui ai conseillé de ne pas imprimer tout ce grand nombre de factums qui disent tous la même chose. Il s'est chargé de faire une préface historique telle que vous semblez la demander. Je n'ai aucun commerce avec ce Grasset qui ne mérite assurément pas qu'on en ait avec lui. Je crois que vous ne ferez pas mal de représenter à Mr De Correvon les mêmes choses que vous avez bien voulu m'écrire.

Quant à l'estampe de made Calas j'ai déjà quelques souscriptions, et mr Tronchin étant à Genêve en a bien d'avantage. Elles avaient à Paris la plus grande vogue. J'espère que la démarche inattendue du parlement ne servira qu'à augmenter l'empressement du public. Cette entreprise seule est capable de dédommager amplement la famille Calas.

Permettez que je vous adresse pour la respectable veuve, ce petit billet que Mr De Brus mettra dans son paquet, ou que vous mettrez dans le vôtre, si vous écrivez à paris.

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire