1765-05-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Germain Gilles Richard de Ruffey.

Je vous l'ai déjà dit, mon cher Président, il faut que vous pardonniez aux malingres, de répondre tard; vous comptez plus assurément sur mon tendre attachement pour vous que sur mon exactitude.

Il est vrai que je bâtis, mais je ne m'en occupe guères. Je prendrais beaucoup plus d'intérêt à l'architecture si je pouvais jamais espêrer de vous recevoir dans les apartements que je fais.

Je vous remercie des bontés que vous avez eues pour Mr Dupuits mon gendre. Il a un procez contre des huguenots, et moi j'en ai contre un prêtre, nous verrons si je l'emporterai sur Juda, et lui sur Samarie.

Je ne sais si Mr l'ancien premier Président de La Marche est dans sa terre, s'il y est, je vous suplie de lui dire quand vous lui écrirez, qu'il aura en moi jusqu'au dernier moment de ma vie, un serviteur bien tendrement attaché; je ne lui écris point, car à quoi servent des lettres qui n'ont d'autre objet que celui de renouveller des sentiments dont il doit être sûr? Je lui écrirais très souvent si j'étais à portée de recevoir quelqu'un de ses ordres.

J'aurai l'honneur de vous envoier l'édition in 4. qu'on va faire, de bien des sotises, si je suis assez heureux pour la voir finie.

Conservez moi vôtre amitié, elle m'est prétieuse. Mille tendres respects.

V.