1765-04-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Vous êtes obéi, mon cher frère; ce charmant ouvrage sera imprimé au plus vite et avec le plus grand secret.
Que je vous remercie d'avoir encouragé l'auteur inimitable de ce petit écrit, à rendre des services si essentiels à la bonne cause! J'en demande très humblement pardon à ce Blaise Pascal, mais je le mets bien au dessous d'Archimède-Protagoras: celui-ci ne verra jamais de précipice à côté de sa chaise, et il bouchera le précipice dans lequel on a fait tomber tant de sots.

Vous daignez me demander, par votre lettre du 27 mars, le portrait d'un homme qui vous aime autant qu'il vous estime: je n'ai plus qu'une mauvaise copie d'après un original, fait il y a trente ans, et dans le fond de mes déserts il n'y a point de peintre. Je vous enverrai ce barbouillage, si vous le souhaitez; mais l'estampe faite d'après le buste de Le Moine, vaut beaucoup mieux.

Je suis bien malade; tout baisse chez moi, hors mes tendres sentiments pour vous. Je me soumets à l'être des êtres et aux lois de la nature, mais écr. l'inf . . .