1765-03-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Le Rond d'Alembert.

Frère Gabriel, mon cher destructeur, obéit ponctuellement à vos ordres; la Destruction sera magnifiquement reliée et envoyée à sa destination.
Madame Denis a dévoré ce petit livre qui contient deux cent trente-cinq pages, le seul de tous les livres qui restera sur ce procès qui a produit tant de volumes. Je vous réponds que quand il sera arrivé à Paris, il sera enlevé en quatre jours. Je suis fâché que vous ayez oublié que notre ami Fréron a été jésuite, et que même il a eu l'honneur d'être chassé de la société; cela aurait pu vous fournir quelque douce et honnête plaisanterie.

Je voudrais bien savoir qu'est devenu le petit jésuite derrière lequel marchait le Franc de Pompignan à la procession de son village. Est il vrai que le jésuite qui avait enfondré le cul du prince de Guéménée  est mort? ne s'appelait il pas Marsy? On dit que d'ailleurs c'était un garçon de mérite.

Dieu vous maintienne, mon cher destructeur, dans la noble résolution où vous êtes de faire main basse sur les fanatiques, en faisant patte de velours! Vous serez cher à tous les gens de bien Ecr. l'inf . . . ..