8e février 1765 à Ferney
Ouï sans doute Monsieur, je souscrirai, et surtout si c'est vous qui faittes les commentaires.
Mr Racine le fils a déjà fait des remarques sur les ouvrages de son illustre père; mais étant juge sans intérêt, vous serez plus éclairé, et moins suspect de partialité. Je souhaitte pour l'honneur des Lettres que quand le public sera un peu rassaisé de l'opéra comique il vienne quelque génie qui mette dans la Tragédie toute l'action et tous les grands mouvements de terreur qui manquent un peu à nôtre théâtre. Mais Racine et Corneille ont de si grandes beautés qu'on doit leur pardonner de ne les avoir pas eu toutes. Je ne sais même si la langue française est susceptible d'une perfection supérieure à celle que Racine lui a donnée. Je regarde ses ouvrages comme ce que nous avons de meilleur.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous méritez, Monsieur, Vôtre très humble et très obéïssant serviteur.
V.