1765-01-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

J'ai suivi vos conseils, mon cher ami, j'ai demandé une belle ratification du traité avec une expédition des régistres de la chambre de Montbelliard.
On aime tant à se flatter, que j'ose toujours espérer, malgré mon triste état, de vous voir au printemps, et d'éxaminer ce Montbelliard. Il y a des gens devers la Franche Comté qui prétendent que la créance n'est nullement assurée; mais je m'en raporte plus à vous qui êtes instruit du fond de l'affaire, qu'à ces messieurs qui n'ont que des doutes assez vagues, et fondés seulement sur la défiance qu'on a toujours des princes. Cette défiance est encor fortifiée par les querelles de mr le Duc de Virtemberg avec ses états. On dit que ces querelles sont plus vives que jamais, elles n'ont heureusement rien de commun avec les terres d'Alzace et de Franche Comté. Mr de Mommartin est un brave et honnête gentilhomme qui n'aurait pas voulu me tromper, ainsi je crois que je puis me livrer à une douce sécurité.

Nous avons à Ferney un de vos compatriotes, c'est mr le chevalier de Boufflers, un des plus aimables enfants de ce monde, tout plein d'esprit et de talents. Si vous étiez icy il ne vous manquerait rien. Made Denis qui n'écrit point mais qui vous aime beaucoup vous fait les plus tendres compliments.

V.