1765-01-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Rieu.

Je prends la liberté d'envoier à mon cher corsaire un Warburton anglais complet, qu'il joindra à sa bibliothèque anglaise.
Je le prie d'ouvrir le paquet, d'y prendre ce qui lui appartient et quatre ou cinq dictionnaires pour lui ou pour les personnes qu'il voudra en gratifier. On remettra le reste empaqueté entre les mains du porteur. La petite brochure qu'il m'a envoiée n'est ni bien élégante ni bien fine, mais elle me parait sage et forte, et elle doit, ce me semble, faire beaucoup d'effet sur l'esprit de la plupart des citoiens. On dit qu'elle est de Vernes. S'il sait quelque chose de nouveau il me fera grand plaisir de m'en instruire. Je ne doute pas qu'il n'ait eu la bonté d'écrire fortement à mr Astier et qu'il ne l'ait engagé à détruire en Hollande l'infâme calomnie qui n'y est que trop accréditée.

Voicy la copie de ce que j'écris à mr le grand pensionnaire. Mr Rieu est prié de vouloir bien envoier cette copie à mr Astier afin qu'il la fasse mettre dans toutes les gazettes de Hollande. Cette requête ne produira rien, mais elle fera voir au public que j'ai fait toutes les démarches convenables. Cela est d'autant plus nécessaire que le roi lit la gazette d'Amsterdam.

On fait mille tendres compliments à mr Rieu, tout le monde l'embrasse et le regrette.