1773-12-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Rieu.

Je me félicite d’apprendre qu’enfin mon cher corsaire a préféré mon voisinage à la prétendue ville de Nion.
Ce sera ma consolation de le savoir près de moi. Sain ou malade, je recevrai avec grand plaisir le philosophe du pays de Vaud. Monsieur Rieu peut venir diner avec lui à une heure le jour qu’il lui plaira.

Voici un petit morceau très singulier et très convenable au temps que l’on m’a envoyé pour le faire imprimer. Pellet peut s’en charger; cela demande une grande célérité. On exige que l’édition soit en caractère bien propre avec une belle marge. On veut en avoir six douzaines d’exemplaires sur du papier de Hollande. On payera le papier.

Mon cher corsaire est prié instamment de presser cette affaire. C’est un service qu’il rendra au genre humain.

Je vous demande en grâce, mon cher ami, de ne le montrer à personne au monde.