1764-10-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Élie Bertrand.

Mon cher philosophe, j'aurai bien de la peine à vous trouver le livre que vous demandez.
C'est un recueil de plusieurs mains. Il y a des pièces déjà connues. Il est détestablement imprimé, il fourmille de fautes. J'en fais venir un éxemplaire de Francfort. Je vous l'enverrai dès que je l'aurai reçu. Je l'attends après demain. On m'assure qu'on en fait une édition beaucoup plus correcte et plus ample, à la Haye. Dieu le veuille, car la mauvaise édition que j'ai vue, a achevé de me perdre les yeux.

Votre neveu me parait un vrai philosophe. S'il l'est toujours il sera assez riche, et la liberté vaut mieux que le métier de courtisan.

L'accident de Mr et de Made De Freudenreich me fait frémir: je remercie Dieu qu'ils en soient quittes pour des contusions, encore ces contusions me paraissent de trop; personne ne s'intéresse plus tendrement que moi à leur conservation. Je vous supplie de les en assurer; je leur serai attaché, comme à vous, jusqu'au dernier moment de ma vie.