10e 8bre 1764
Mon chère frère en Bayle, en Descartes, en Lucrèce, eta, eta, continuez à faire tout le bien que vous pourez dans vôtre province; soiez le digne vicaire du curé Mêlier.
Si vous aviez pu distribuer à vos voisins le trois cent jambons qu'il a laissez à sa mort, vous leur auriez fait faire une excellente chère; il est bon de manger des Truittes, mais vous savez qu'il faut aussi une autre nourriture. Il est venu des adeptes immédiatement après vôtre départ; ils cultiveront la vigne du seigneur d'un côté, tandis que vous la provignerez de l'autre, et Dieu bénira vos soins. Ma santé s'affaiblit tous les jours, mais je mourrai content si j'apprends que vous servez tous les jours sur vôtre table de ces bons jambons du curé. Cette nouvelle cuisine est très saine, elle ne donne point d'indigestion; elle ne porte point au cerveau des nuages comme l'ancienne cuisine. Je suis persuadé que vous aurez toujours beaucoup de convives, et que vous n'admettrez pas les sots à vos festins.
Mille respects à toute ce qui vous environne; je mets à la tête madame votre femme, et Monsieur votre frère.