30e juin 1764
Anges que je fatigue, et qui ne vous lassez pas de faire du bien, voici un petit billet pour le conjuré le Kain, mais ces extrêmes chaleurs, ce terrible mois de juillet font frémir l'exjesuite.
N'est ce pas en Ethiopie qu'on va au conseil dans des cruches pleines d'eau? Je crois qu'il n'y a plus que ce moyen d'aller à la comédie cet été.
Je crois que la gazette littéraire m'a brouillé avec l'abbé de Sade. Ce n'est pas que je me reconnaisse à la main d'un grand maître, dont l'abbé Arnaud a désigné l'auteur des remarques sur Petrarque; mais enfin, vous savez que j'avais demandé le plus profond secret. Je vous supplie de gronder l'abbé Arnaud de tout votre cœur; encore une fois je n'aime point Petrarque, mais j'aime l'abbé de Sades. Je vois que j'ai été prévenu sur l'article d'Algarotti, et que la gazette littéraire est servie beaucoup plus promptement que je ne pourrais l'être. Il me restera la partie du caprice. Dès que je trouverai un livre nouveau, je le prendrai pour prétexte pour débiter mes rêveries, comme j'ai fait sur l'article des songes, cela m'égaiera quelquefois, et pourra égayer la gazette. Mais à présent, je n'ai pas trop envie de rire, mes yeux ne vont pas trop bien, ma santé fort mal. Que mes deux anges se portent bien et je suis consolé.