1764-06-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Louis Lekain.

Mon cher ami, j'ai peur de n'avoir pas répondu à vôtre Lettre du 9e juin, j'ai la vue si mauvaise que j'avais oublié vôtre petite écriture dans mes paperasses.
Vous me parliez d'un jeune peintre qui est vôtre ami, je ne mérite assurément pas l'honneur qu'il veut me faire, mais j'y suis très sensible. Aureste, vous saurez qu'on ne veut point de portrait en pastel à l'académie; nous pensons tout différemment à Ferney. Je vous prie de lui dire que je suis plein de reconnaissance pour lui, et que je m'intéresse à ses talens et à ses succez.

J'apprends que le jeune ex-Jesuite vous a assommé de corrections, il faut pardonner à un jeune homme qui cherche à tirer tout le parti possible de sa médiocrité. Il avait oublié,

A mon cœur désolé que vôtre pitié s'ouvre.

Mon ex-jesuite dit qu'il faudrait mettre

JULIE

Il vit.

FULVIE

S'il est connu la mort est sur sa trace.

JULIE

Fuir devant les Césars est le sort de sa race!

FULVIE

Il y va de ses jours.

JULIE

Et c'est ce que je crains.
ete

Bon soir mon cher grand acteur, mon petit Loyoliste vous fait mille compliments.