1764-01-09, de Marie Louise Denis à Henri Louis Lekain.

La supercherie Monsieur a très bien réussi.
Mon Oncle est très flaté de l'envie que les Comédiens ont de jouer sa piesse. Il y fera encor les changemens qu'il croira les plus nécessaires. Nous sommes pénétrés de joie et de reconnoissence de ce que Mlle Clairon veut bien prendre le rôle d'Olimpie d'autant plus que Mon Oncle aurait mieux aimé que sa pièce ne fût point jouée que de la gêner. Les talens de Mlle Clairon la Conduisent to[ujours] au bien de la chose, ce qui prouve sa supériorité.

J'ai tout montré à Mon Oncle, votre lettre et celle de vos Cam[arades], j'ai jugé que cela ne pouvait que lui être agréable. On parl[e] d'une pièce nouvelle qui doit passer avant Olimpie, tant mieu[x,] cela donnera du temps pour retravailler la piesse. Mon Oncle a très mal aux yeux depuis quel que temps, nous avons même eu peurt qu'il ne perdit la vue. Mr Tronchain espaire de le guérir, mais il exige de lui de grands ménagemens. Je ne vous ai pas répondu sur le champ par ce que Mon Oncle s'en est chargé. Vous connoissez Monsieur nos sentimens pour vous, nous avons toujours aimé votre personne et vos talens, je n'oublierai jamais de vous avoir vu jouer Zamor et Tancrede et le plaisir que vous nous avez fait de nous venir voir dans notre solitude. Soiez sûr que personne n'est plus véritablement que moi Monsieur Votre très humble et très obbéissente servente

Denis