11e 7bre 1763
Mes divins anges, puisque vous êtes assez lambins pour ne pas renvoier le premier acte à mr Marcel, il vous en envoie cinq.
Il se flatte d'avoir fait tout ce que vôtre comité éxigeait de lui. Il faut que Mr Le Duc De Praslin se donne avec vous, le plaisir d'attraper le public. C'est une vraie opération de ministre. Mr Marcel vous enverra une Lettre soumise pour la reine Clairon, qui sera de la même écriture que la pièce. Je ne connais point de conspiration mieux arrangée. Nous verrons si celle de Rousseau contre Genêve, réussira mieux; il est vrai qu'il a sept ou huit cent personnes dans son parti; mais je tiens que les trois conspirateurs valent mieux que les associés de Jean Jaques.
J'ignore absolument si on fait une gazette littéraire. Tous les ouvrages nouveaux faits depuis trois mois en Allemagne, en Angleterre et en Italie, sont déjà annoncés pour la pluspart, dans les journeaux. Mon travail et ma bonne volonté pouraient bien devenir inutiles. Des paquets de livres doivent être arrivés chez Mr le Duc de Praslin, par Strasbourg et par Londre; mais qui prend le plus long n'arrive jamais premier. J'attends les ordres de Mr le Duc de Praslin sur tout celà.
Souffrez, mes très chers anges, que je lui présente icy mes très humbles respects, et recevez les miens.
Comment vont les yeux de Monsieur D'Argental? pour moi je n'en ai plus. Celles qui se mettaient à la fenêtre ne s'y mettent plus, les mouleuses cessent de moudre, l'amandier fleurit, la corde d'argent est cassée sur la fontaine. Adieu les Tragédies.