1763-08-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Il est bon que nos frères sachent, qu'hier, six cent personnes vinrent pour la troisième fois, protester en faveur de Jean Jaques contre le conseil de Genêve, qui a osé condamner le vicaire savoiard.
Ils disent qu'il est permis à tout citoyen d'écrire ce qu'il veut sur la religion, qu'on ne peut le condamner sans l'entendre, qu'il faut respecter les droits des hommes, et on prétend que celà pourait bien finir par une prise d'armes. Je ne serais pas fâché de voir une guerre civile pour le vicaire savoiar. Je ne crois pas qu'il y en ait dans Paris pour Saül et David.

J'espère que mon cher frère aura la charité de m'envoier cette pièce édifiante que je ne connais point du tout.

Voicy encor un petit mot pour mr Mariette. J'importune beaucoup mon frère, mais quand on a un procez contre la sainte Eglise, il faut bien s'adresser aux sages. J'embrasse mon sage frère.

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