1763-08-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Palissot de Montenoy.

Je deviens aveugle tout de bon, Monsieur, me voilà comme le bon homme Tobie, et je n'espère rien du fiel d'un poisson.
Je suis bien aise qu'il n'y ait plus de fiel entre mr De Tressan et vous; et je voudrais que vous pussiez être l'ami de tous les philosophes; car, au bout du compte, puisque vous pensez comme eux sur bien des choses, pourquoi n'être pas unis avec eux? Il me semble que nous ne devons avoir que les sots pour ennemis. Je voudrais pouvoir vous voir à Ferney avec les Diderots, les Dalemberts, les Humes, les Jean Jaques. Nous chanterions tous madlle Corneille et son grand oncle, mais Frèron n'en serait pas.

Sans compliment, et à vous de tout mon cœur.

V.