1763-07-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean François Marmontel.

Voilà le froid Bougainville mort, mon cher ami; il faut que vous réchaufiez l'académie.
Je vais écrire à tous mes amis, ce n'est pas que vous en aïez besoin, c'est uniquement pour me faire honneur. J'ose croire même, que vous n'aurez point de concurrent; vôtre éxcellent ouvrage vous ouvre toutes les portes. Il n'y a pas longtemps qu'étant las de faire des commentaires sur Corneille, j'ai renvoié le lecteur à vôtre Poëtique, en lui disant qu'il n'y en a point de meilleure.

Figurez vous que je vous avais envoié par Mr Bouret une jolie édition de la pucelle, avec quelques remarques sur la poësie hébraïque que j'ai trouvée toujours d'une extravagance très insipide.

Adieu mon cher confrère, je vous embrasse avec la plus tendre amitié.