1763-05-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

J'ai reçu, mon cher frère, vos Lettres consolatoires, ou consolatrices du 18 et 20 May, avec le mémoire du sr Martel; il a sans doute Martel en tête, mais il me parait un brave homme.
Je crois que Mr Varin aura plus de peine que lui à se tirer d'affaire; il résulte de tout celà que nous avons perdu le Canada. Les pauvres emprisonnés ressemblent aux damnés de Belphégor; tous les maris disent que ce sont leurs femmes qui les ont fourez en enfer, et les femmes disent qu c'est la faute de leurs maris.

Je vous dépèche Olimpie; et je vous en avertis par ce billet, mon cher frère; si vous la recevez, c'est un signe qu'il y a encor de la bonne foi sur la terre, alors, je m'enhardirai, et je vous en enverrai un autre éxemplaire.

Je vous réïtère mes prières pour l'article idolâtrie, et j'espère que dans l'occasion vous voudrez bien vous ressouvenir de ceux dont vous m'avez flatté. Je ne les ferai lire à personne, et je vous les renverrai fidèlement.

Je m'en remets à la providence sur la destinée de L'histoire générale. Il me parait que messieurs doivent aprouver aumoins le chapitre du concile de Trente, celà doit les mettre de bonne humeur. Si vous voiez mr De Beaumont faittes lui, je vous prie, mes très tendres compliments; sa profession est d'être l'apui des malheureux, il est digne d'être vôtre ami.

Ecrasez l'Infâme.