4e août 1762
Les personnes qui protègent à Paris la famille Calas, sont très étonées que le sr Gaubert Lavaisse ne fasse pas cause commune avec elles. Non seulement il a son honneur à soutenir, ses fers à venger, le rapporteur qui conclut au bannissement à confondre, mais il doit la vérité au public, et son secours à l'innocence. Le père se couvrirait d'une gloire immortelle, s'il quittait une ville superstitieuse et un tribunal ignorant et barbare.
Un avocat savant et estimé est certainement au dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d'argent le droit d'être injustes. Un tel avocat serait un excellent conseiller, mais où est le conseiller qui serait un bon avocat?
Mr de Lavaisse peut être sûr que s'il perd quelque chose à son déplacement, il le retrouvera au décuple. On répand que plusieurs princes d'Allemagne, plusieurs personnes de France, d'Angleterre, et de Hollande, vont faire un fonds très considérable. Voilà de ces occasions, où il serait beau de prendre un parti ferme. Mr Lavaysse en élevant la voix n'a rien à craindre. Il fera rougir le parlemt de Toulouse en quittant cette ville pour Paris, et s'il veut aller ailleurs il sera partout respecté.
Quoi qu'il arrive son fils se rendrait très suspect dans l'esprit des protecteurs des Calas, et ferait très grand tort à la cause s'il ne faisait pas son devoir, tandis que tant de personnes indifférentes font au delà de leur devoir.
Je prie la personne qui peut faire rendre cette lettre à mr Lavaisse père de l'envoyer promptement par une voie sûre.