31e Juillet [1762]
Ayant lu la Lettre du 26e Juillet de made Calas, les Lettres de mr Lavaisse du 14e et 15e juillet, je suis toujours d'avis que l'on consulte Mr Héron, premier commis du conseil.
Je ne crois pas que Mr le chancelier puisse trouver mauvais qu'on présente une Requête au Roy en son conseil, puis que c'est à Mr le chancelier même qu'on donne cette Requête.
Je pense qu'il faut en ce cas donner copie de cette Requête à chaque membre du conseil des dépêches.
C'est probablement dans ce conseil des dépêches que l'on décidera à quel tribunal on renverra l'affaire. Il se poura très bien faire que le conseil des dépêches la jugera lui même. Il ne faut pas croire que ce conseil ignore les affaires, puisque Mr le chancelier, mr le garde des sceaux, Mr le cte de St Florentin, mr le controlleur général eta sont de ce conseil. J'ajoute même qu'ils sont très bien disposés en faveur des plaignants.
Si le Roy renvoie l'affaire à un autre tribunal, je souhaitte qu'elle soit portée au grand conseil, parce que mon neveu qui est membre de ce tribunal agira avec autant de zèle que moi même.
Voilà tout ce que je peux dire de si loin.
A l'égard des srs Lavaisse Père et fils, si j'étais à leur place j'élèverais ma voix toute ma vie contre le parlement de Toulouse, je vendrais tout ce que je pourais vendre de mon bien, je mettrais à l'abri tout ce que je pourais, et je quitterais une Ville superstitieuse, où des bâteleurs blancs, bleus, gris et noirs avec un masque sur le visage percé de deux trous, font mettre aux fers et sur la roue l'innocence la plus avérée. Je ne doute pas qu'on ne puisse faire en Angleterre, en Hollande, et dans quelque païs de l'Allemagne, une souscription qui rendrait à messrs Lavaisse et Calas, beaucoup plus qu'ils n'auront perdu à Toulouse.
Si on veut prendre ce parti, il n'y a rien que je ne tente pour le faire réussir.