1762-07-10, de Isaac de Pinto à Voltaire [François Marie Arouet].

Si j'avais à m'adresser à un autre qu'à vous, monsieur, je serais bien embarrassé.
Il s'agit de vous faire parvenir une critique d'un endroit de vos immortels ouvrages; moi, qui les admire le plus, moi qui ne suis fait que pour les lire en silence, pour les étudier et pour me taire mais comme je respecte encore plus l'auteur que je n'admire ses ouvrages, je le crois assez grand homme pour me pardonner cette critique en faveur de la vérité qui lui est si chére, et qui ne lui est peut-être échappée que dans cette seule occasion. J'espère au moins qu'il me trouvera d'autant plus excusable, que j'agis en faveur d'une nation entière à qui j'appartiens, et à qui je dois cette apologie. J'ai eu l'honneur monsieur, de vous voir en Hollande lorsque j'étais bien jeune. Depuis ce temps là, je me suis instruit dans vos ouvrages, qui ont de tout temps fait mes délices. Ils m'ont enseigné à vous combattre; ils ont fait plus. Ils m'ont inspiré le courage de vous en faire l'aveu. Je suis au delà de toute expression avec des sentiments remplis d'estime et de vénération &c.