[c. 3 July 1746]
Monsieur,
Il ne m'apartient pas de vous recommander personne, mais permettez que je joigne mes très humbles et très instantes prières à touttes celles que vous avez deu recevoir en faveur du sr Felizot.
Il paroit qu'il doit s'attendre à vos bontez depuis L'aveu qu'il a fait qu'il tenoit ses libelles du nommé Travenol. Cet aveu s'est trouvé conforme à la vérité, et vous serez sans doute touché de pitié pour luy; je ne fais en prenant la liberté de vous parler pour luy que seconder les sentiments de votre cœur.
Permettez que j'aye aussi l'honneur de vous représenter que la mère du nommé Binot, jeune colporteur, arrêté pour la même faute, se jette à vos pieds. C'est une pauvre femme aveugle qui prétend que son fils aidoit à la faire subsister. Je m'en remets à votre justice et à votre miséricorde.
J'ay l'honneur d'être avec bien du respect et de la reconnaissance,
monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Voltaire