26e janv: 1762, aux Délices
Fréron ne sera pas fâché; j'ai la fièvre.
C'est ce qui fait, mon digne magistrat, mon respectable ami, que je ne peux avoir L'honneur et la consolation de vous remercier de ma main. Je vous assure que je ne m'attendais pas à une si belle pancarte; elle est trop belle, trop honorable, vos bontés vont trop loin, et je suis confus. Maître Clément, disait à François 1er ,
Je dirai donc, grâces à vos bontés,
Tous le mal est que Voltaire ne soit pas dans vôtre censive. J'aimerais mieux vous avoir pour Seigneur Paramont qu'un autre La Marche, quoi qu'il dèscende de Hugues Capet.
Je vous exhorte à lire le manuel des inquisiteurs, si vous ne l'avez pas lû, et si vous l'avez lû, je ne vous exhorte à rien. Vous sentez, sans doute, combien les anglais, les Ecossais, les Suédois, les Danois, les Russes, les Grecs, la moitié de L'Allemagne, la Hollande, et la Suisse, ont raison d'avoir en horreur une Secte qui a produit des inquisiteurs, des Chatels, des Ravaillacs, et des abbés de Caveyrac.
Vôtre cochon d'abbé de Citeaux, qui a l'insolence d'entreprendre un bâtiment de dix sept cent mille Livres, ferait bien mieux de donner au Roy deux vaisseaux, à condition que ses moines y servissent de Mousses, afin qu'il fût dit, que depuis la fondation de la monarchie, les moines ont été bons à quelque chose. Ils diront peut être que je suis dans mon accès; celà est vrai, mais je n'ai point de transport; et si j'en ressens un, c'est celui du plus tendre et du plus respectueux attachement que vous m'avez inspiré.