1761-12-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

L'employ des coupons monsieur et d'une somme d'argent égale sera un bien petit objet, et je n'osais pas mettre si peu de chose sur la tête de mademoiselle Corneille.
Mais puisque vous croyez la chose convenable, on peut toujours luy faire ce léger avantage sans préjudice de ce qu'on doit faire pour elle, et madame Denis à qui j'en ay parlé approuve beaucoup cette disposition. Ainsi les faiseurs joindront le nom de Corneille à celuy de Voltaire, et me feront sans doute trop d'honneur. Mademoiselle Corneille se nomme Marie, et moy François. Je supplierai seulement que ce soit mr de la Leu mon notaire qu'on choisisse pour faire le contract. Savez vous qui est chargé à Lyon des affaires de M. le cardinal de Bernis? Et votre ville de Lyon, fournira t'elle un vaissau au Roy? Passe pour Paris, puis qu'elle a un vaisseau dans ses armoiries. Nous sommes réduits à d'étranges extrémitez. Nos villes se mettent à bâtir des vaisseaux pour les anglais! On dit des choses fort singulières de la cervelle du Roy de Prusse. Je ne les crois pas, mais je crois que nous avons perdu la cervelle depuis cinq ans. Tout irait mieux mon cher monsieur si on avait été aussi sage que vous l'êtes. Les Délices font mille tendres compliments à votre maison.

V.