1761-10-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.

Je reçois madame le portrait de madame de Pompadour.
Il me manque des yeux pour le voir, mais j'en trouve encor pour conduire à peu près ma plume et pour vous remercier. Je perds la vue madame, je ne vois pas ce que je vous écris. Songez que vous avez des yeux et un estomac, conservez les. Souvenez vous de ma genevoise qui a cent trois ans et qui vient de se tirer d'une hidropisie.Imitez la. Priez pour moy quelque saint afin que je puisse venir vous faire ma cour et vous embrasser l'année prochaine. J'ay reçu le même jour des reliques de Rome pour une église que je fais bâtir, et le portrait de madame de Pompadour. Me voylà très bien pour ce monde cy et pour l'autre.

Adieu madame, je vous suis attaché avec le plus tendre respect jusqu'au dernier moment.

V.