A Ferney, par Genève, 28 septembre 1761
Monsieur,
Je crois rendre ce que je dois à votre probité et en même temps montrer mon respect pour vous et pour le parlement en vous instruisant du procès et du procédé de m. le président de Brosse.
Je ne sais quel fétiche le possède. Mais j'ose vous supplier, monsieur, de lire ma réponse à l'assignation qu'il m'a donnée. Je prends une plus grande liberté. Je me soumets à votre arbitrage. Monsieur votre père, qui m'a fait l'honneur de passer quelques jours dans ma cabane, est instruit de toute cette affaire. Elle est exactement telle que le mémoire ci-joint la présente. Je n'ai altéré aucune circonstance. Jugez s'il est convenable à un homme qui a l'honneur d'être de votre respectable corps de s'exposer à de telles vérités. Sa conduite me fait autant de peine pour lui que pour moi même et je demande votre pitié pour lui et pour moi. Il est dur de plaider contre lui et il est triste qu'il plaide. Il ne doit qu'apaiser les différends et non en avoir. Celui-ci est d'une nature bien étrange; je crois lui rendre un très grand service en prenant la liberté de m'adresser à vous. Et s'il veut s'en remettre à votre jugement, je m'y soumets comme je le dois.
Je suis avec beaucoup de respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire