11 juillet [1761]
Il y a des choses bien bonnes et bien vraies dans les trois brochures que j'ay reçues.
J'aurais peutêtre voulu qu'on y marquast moins un intérest personnel. Le grand art de cette guerre est de ne paraitre jamais deffendre son terrein, et de ravager seulement celuy de son ennemi, de l'accabler guaiment, mais après tout je ne suis pas fâché, de voir relever des critiques très injustes d'une ode dont j'ay admiré les beautez et à la quelle je dois non seulement mademoiselle Corneille, mais l'honneur de commenter àprésent le grand homme auquelle elle appartient.
Les oreilles d'âne sont attachées pour jamais au chef de ce malheureux Freron. On a prouvé ses âneries et il y a dans les trois brochures un grand mélange d'agréable et d'utile.
Je ne savais pas que ce Baculard fût un croupier de Freron. J'ay eu soin autrefois de ce Bacular qu'on appellait Darnaud, comme j'ay soin de melle Corneille. J'ay été payé d'une ingratitude dont je crois le cœur de melle Corneille incapable.
Adieu monsieur, je me flatte que le nom de Mg le prince de Conty décorera la liste de ceux qui souscrivent pour la gloire du grand Corneille et pour l'avantage de sa famille. Je serai toutte ma vie pénétré d'estime et d'attachement pr vous.
V.