1761-07-04, de Jean Joseph de Laborde à Voltaire [François Marie Arouet].

Je suis très flaté, Monsieur, de la lettre dont vous m'avés honnoré le 21 du mois dernier et j'ai voulu la justifier deux heures après l'avoir reçüe en demandant à M. le Duc de Choiseul d'obtenir du Roy une forte souscription pour vos Protégés; vous m'avés prévenu et S. M. prendra deux cents exemplaires.
J'ai fait souscrire M. le Duc de Choiseul et Made la Duchesse de Gramont pour 23; ce sont mes amis, ils sont à la tête du même projet que vous m'avés adressé et que Made de Gramont a gardé pour faire souscrire ses amis et peut-être ceux qui ne le sont pas: pendant que Made de Gramont attaque la Cour, j'attaque de mon côté la ville; vous serés servi, Monsieur, non pas aussi bien que mon cœur le désire, mais avec tout le zèle qu'on peut mettre quand on veut mériter votre estime; mon ambition ira plus loin, je vous préviens, Monsieur, et vous pouvés vous disposer à m'accorder un autre sentiment: vous recevrés incessamment toutes les souscriptions, et j'aurai, Monsieur, le plaisir le plus pur à vous donner en toute occasion les témoignages les plus vrais du respectueux attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Laborde

P. S. J'ai écrit à ma belle mère Made Nettineà Bruxelles pour avoir quelques souscriptions. J'écrirai aussi à quelques correspondants des principales villes.