1761-05-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mille compliments aux philosophes.
Voici une lettre pour Protagoras. On n'a d'autre exemplaire de l'épître sur l'agriculture que celui qu'on a reçu, à ce qu'on croit, par la voie des philosophes. On le renverra par la première poste purgé des fautes typographiques dont il fourmille.

On enverra aussi l'exemplaire de l'Appel aux nations, qui est plein de fautes à chaque page, et il y aura corrections et additions tant qu'on en pourra faire. Il est fort triste qu'on ait imprimé l'Epitre à la Demoiselle Clairon; le public se soucie fort peu qu'on dise en vers à une actrice qu'elle joue bien, mais il aime fort à voir un pédant ignorant et malhonnête homme démasqué et traîné dans la fange où sa famille aurait dû croupir, un persécuteur de la philosophie et de la littérature, bourgeois insolent, fier de sa petite charge, un délateur absurde de la raison, traité comme il le mérite. C'est précisément le portrait de ce faquin qu'on a retranché, et le reste ne valait pas la peine d'être dit.

On embrasse les philosophes, et on les prie d'inspirer pour l'infâme toute l'horreur qu'on lui doit.