1758-02-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexis Jean Le Bret.

A la réception de votre lettre mr j'ai écrit à l'un des Cramer à Geneve; celui avec qui vous avez traité est en Portugal, l'autre se chargera de vous satisfaire.

A l'égard de votre ouvrage, on est bien loin d'en vouloir retrancher les articles historiques, intéressants; au contraire on voudrait les allonger et les fortifier. Tous ceux qui ne contiennent que des faits vagues ou les aventures des pédants en us, oubliés pour jamais, pourraient être sacrifiés. Beaucoup d'articles philosophiques demandent des additions, puisqu'on est plus instruit aujourd'hui que du temps de Bayle.

Quant au marché fait avec les frères Cramer, je l'aurais fait rompre très aisément, et vous auriez été le maître de vos manuscrits, mais les raisons que vous me donnez mr et qui vous empêchent de venir chez moi sont sans répliques et ne me laissent que des regrets.

Je puis vous répondre d'ailleurs que quand on aura imprimé cet abrégé de Bayle avec les additions qui pourront le rendre précieux aux philosophes, les frères Cramer ne s'en tiendront pas au marché qu'ils ont faits avec vous, et qu'ils vous témoigneront la reconnaissance qu'ils vous doivent &c.