Paris [c. 20 April 1761]
Mr Saurin Mon cher confrère m'a dit qu'il vous envoyoit son Discours par la voie de mr d'Argental. Je me suis chargé de celui de l'abbé Trublet, pour éviter qu'il ne fût mis à la poste.
Après l'avoir lû, peut être direz vous avec Martial
Dans votre dernière lettre vous me parlez du Projet de travailler sur nos auteurs classiques, Le secrétaire de la Compagnie en parla samedi pour la première fois, mais en deux mots, et on ne délibéra point là-dessus. Hélas, mon Cher, que vous connoissez peu l'Académie d'à présent. Si vous étiez à portée d'y paroître, je doute qu'il vous arrivât de vous y montrer deux fois. Il y a plusieurs années que j'en aurois pris congé, si je n'avois pas dit mon dessein à une personne qui en rendit compte à ce que nous avons de plus respectable après le Roi. Je reçus défense de donner un exemple qui alloit être suivi par plusieurs de nos Confrères. La brutalité de notre Comité leur est insupportable. Ceci soit dit entre nous, je vous en supplie.
On m'écrivoit il y a quelques jours pour savoir comment on pourroit rendre le ductu molle atque facetum d'Horace. Je répondis que faute d'un mot propre, il falloit seulement conserver l'image, et qu'au reste une expression qui devient familière, le coloris de Voltaire, répondoit assez à mon idée.
Vous ne ferez pas mal de répondre en droiture à Mr l'Archidiacre, sans quoi je prévois qu'un jour dans le second Tome de ses Mémoires, il mettra que c'est par moi qu'il reçut votre réponse un tel jour, à telle heure. C'est dans le fond un très-bon homme, incapable de vouloir faire du mal, lors même qu'il en fait.
Mr le Marquis de Lesseps qui commande dans le Vivarez, m'a conté la vie que vous menez. Il se loue extrêmement de Madame Denis, Et qui ne s'en louerait pas? Vale, & me ut facis, ama.
O.